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Rue de Grattières


SITUATION :

Elle prend naissance à l'ancien passage à niveau de la Providence et passe sous la voie de chemin de fer au "pont de Grattières".
Elle rejoint les rues Victor Hugo, à gauche, de Sous-le-bois, à droite et depuis l'année 2000, un nouvel axe qui reste à nommer
aboutissant au rond-point dit "d'Intermarché". Pourquoi ne l'appellerait-on pas la "route les Marquées" puisque c'est le nom du ruisseau
qui coule non loin du giratoire? Il descend sur le terrain compris entre le magasin et la route et passe sous le pont de Grattières avant
de se jeter dans la Sambre. Il est possible de l'apercevoir car il retrouve son lit petit à petit au fil des années.
L'appellation "Les Marquées" (du latin marcer) a donné, en français, le nom de "marche" (dans le sens de frontière, limite)
Il indique une délimitation de fiefs ou de domaines. Pour expliquer l'origine du mot "Grattières", il faut se reporter, encore une fois, dans notre passé et plus particulièrement dans le livre
"le grand Hautmont" de J. Prévot. On peut y lire à la page 211 "le chemin de la Grattière aboutissait à un endroit escarpé, difficile à escalader
et qu'on appelait dans nos régions une grattière". Ce secteur était déjà ainsi nommé vers le 13ème siècle. A l'origine, "le chemin de la Grattière"
partait de l'actuelle place du huit novembre, traversait la commune de Neuf-Mesnil et aboutissait sur la route nationale : Maubeuge - Valenciennes à Douzies.
Il comprenait, sur le territoire d'Hautmont, nos actuelles rues de la Providence, Grattières, la Rocaille et Sous-le-bois.
Plus près de nous, le 25 mai 1882, nos élus décident de donner le nom "rue de Grattières" du passage à niveau de la Providence jusqu’au pont du chemin de fer.
Quelques années plus tard, le 26 décembre 1888, M. Pigé propose qu'un marché se tienne une fois par semaine au "hameau de Grattières. Le conseil municipal
ne refuse pas cette proposition mais renvoie le dossier à la commission des foires et marchés. Y a-t-il eu une réponse?
La Grattière s'étendait très peu sur le territoire hautmontois. Elle couvrait principalement la commune de Neuf-Mesnil.
C'est pourquoi, j'invite le lecteur à lire l'étude de la rue de Sous-le-Bois qui évoque plus particulièrement l'histoire de Grattières, le précipice et surtout
la personne de l'abbé Bras.
La rue est connue des anciens pour avoir hébergé l'usine "Géhu". En effet, le lien entre la famille Géhu et cette artère remonte à 1893, lorsque Mme veuve Géhu-Dubuisson
obtint l'autorisation d'établir une fabrique de briquettes de houille au lieu-dit "Grattières". Auparavant cette activité s'exerçait, depuis 1886, rue de Boussières.
Son démarrage chaotique sera évoqué dans l'étude de la rue. En 1901, les dirigeants décident d'abandonner la production de charbon pour se consacrer à la construction métallique.
Ils cesseront toutes activités en 1904.
En 1876, Léopold Adolphe Géhu crée les ateliers de fabrication de fers à cheval "Géhu père, frères et sœurs". L'entreprise est implantée près de la place des bateliers.
En 1892, le fils Jean Baptiste et le père, en 1895, vendent leurs droits. La société devient alors "Géhu frères et sœurs". Cette raison sociale ne changera plus.
En 1905, les responsables de la société Géhu frères et sœurs décident d'installer dans les anciens locaux Géhu-Dubuisson de la rue de Grattières une unité de fabrication
de petits matériels de tuyauterie. La production des fers à cheval reste place des bateliers (rue Géhu) jusqu'à la veille de la première guerre mondiale.
La ligne de chemin de fer est proche de l'entreprise et les premiers investisseurs n'ont peut–être pas compris son intérêt, ils implantèrent les bâtiments entre la rue et la Sambre.
Ceci obligea les nouveaux dirigeants à demander, le 2 octobre 1909, l'autorisation de réaliser une passerelle au-dessus de la rue de Grattières. Elle servira à amener les pièces finies
vers le lieu d'expédition près de la voie ferrée. Lorsque la traction hippomobile disparaît, l'entreprise modifie ses fabrications et tout en gardant la fabrication des brides et raccords, elle se tourne vers la mécanique générale.
Malgré cette adaptation et son association, vers 1970, avec Forgeval de Valenciennes, il ne fut pas possible de maintenir l'activité au-delà de l'année 1978.
Une lettre du responsable fédéral du syndicat de Force Ouvrière adressée au ministre du travail permet de connaître l'effectif en janvier 1978, voici le passage essentiel
"l'effectif passe de 56 à 48 personnes, du 31 décembre 1976 au 31 décembre 1977. Les licenciements annoncés le 23 décembre 1977 et devant intervenir courant février 1978
réduiront le personnel à 12 personnes".
Aujourd'hui, il ne reste rien de ce passé, l'endroit est devenu un espace vert. Le seul point de repère est la centrale de gaz installée sur une partie des ateliers.
Avec la rue de Sous-le-bois, j'ai évoqué que les fêtes du secteur étaient très prisées, en voici un exemple.
Une association de Grattières retient l'attention car elle eut la particularité d'avoir revendiqué l'indépendance du quartier. Elle élut un maire et des adjoints.
Ci-dessous, vous est présenté son programme.
Proclamation de la République "L'Indépendance" de Grattières en date d'août 1927
A tous, présent et à venir, Salut!
Nous, représentants du peuple, du commerce et de l'industrie de Grattières réunis en assemblée révolutionnaire et constituante sur la place du précipice.
Jetons au fond dudit précipice les lois, ordonnances, décrets et arrêtés de l'ancien régime.
Proclamons Grattières : République libre et indépendante.
Décrétons l'état de fête sur toute l'étendue du territoire et ordonnons, afin que nul n'en ignore, que la présente proclamation soit lue et affichée
aux différents carrefours, urinoirs et bistrots de la cité.
Notre devise est : réjouissance, bombance et plein la panse.
Pour célébrer cet événement, les habitants sont invités à pavoiser et à festoyer le 7 et 8 thermidor de l'an I de la Nouvelle République.
Les contrevenants à cet ordre seront sévèrement punis de plusieurs tournées. "Aux canons" citoyens, comme vos aînés.
Citoyennes, comme vos aînées, soyez "sans culottes"
Sus aux ennemis de la République
Vive Grattières libre et indépendant.
En 1955, le comité de la République libre de Grattières existait encore car pour les fêtes de fin d'années, il distribuait des bons d'achat aux personnes de 70 ans et plus
Fin de l'étude = octobre 2006



Cette page est tirée de la brochure :"HAUTMONT Les rues de son histoire Tome 1" rédigée par Robert Nigeon, éditée par la Mémoire d'Hautmont.